Slogans, sites web transformés en vitrines de leur “révolution”, fondations de lutte contre le tabagisme… Sur le papier, la métamorphose semble crédible.
Mais derrière cette façade marketing, les faits racontent une toute autre histoire : leurs profits continuent de dépendre largement du commerce du tabac traditionnel.
Des promesses ambitieuses : un monde sans fumée
PMI a créé en 2017 la Foundation for a Smoke-Free World, devenue depuis Global Action to End Smoking. Objectif affiché : “éliminer le tabagisme d’ici une génération”.
De son côté, BAT a lancé en 2024 Omni™, initiative censée accélérer la transition vers un monde sans fumée.
Les deux groupes communiquent sur des produits alternatifs :
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vaporisateurs personnels,
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tabac chauffé,
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sachets de nicotine,
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e-cigarettes.
Le message est clair : les cigarettes appartiendraient au passé. Le PDG de PMI n’hésite pas à déclarer que “les cigarettes ont leur place dans les musées.”
Le double discours de Big Tobacco
En réalité, les enquêtes et scandales montrent une autre facette :
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Liens troubles : en 2021, une enquête du consortium OCCRP révélait que PMI entretenait des relations avec Apollinaire Compaoré, identifié par l’ONU comme contrebandier et soupçonné de financer des groupes armés.
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Expansion opaque : en 2023, PMI a pris le contrôle des deux seules sociétés autorisées à produire des cigarettes en Égypte, consolidant ainsi son pouvoir sur un marché clé.
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Produits controversés : en 2024, BAT faisait pression au Pakistan pour exporter des kiddie packs (paquets de 10 cigarettes), interdits dans la plupart des pays pour leur attractivité auprès des jeunes.
Et plus récemment, PMI et BAT ont notifié aux autorités de la concurrence en Allemagne la création d’une coentreprise pour produire mutuellement des cigarettes dans leurs usines européennes.
Une transformation surtout cosmétique ?
Si les cigarettiers investissent bien dans les alternatives “sans fumée”, leurs actions montrent qu’ils restent fermement ancrés dans le business du tabac classique.
Leur stratégie semble claire :
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affirmer un discours positif et futuriste,
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gagner du temps face aux pressions réglementaires,
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tout en continuant à tirer profit des cigarettes, surtout dans les marchés émergents.
Conclusion
Derrière les slogans d’un “avenir sans fumée”, Big Tobacco poursuit une logique inchangée : maintenir le tabac au cœur de ses profits, tout en verdissant son image publique.
Une stratégie qui interroge : ces transformations sont-elles sincères, ou simplement un relooking marketing pour continuer à vendre du tabac sous toutes ses formes ?